Graffiti @ Toulouse,


Actuellement la ville rose a une des scènes graffiti les plus vivantes de France.
Le mouvement graffiti remonte à 1986 et les premiers auteurs étaient, entre autres, 2PON et GODE.
Dès le début, des graffeurs de renommée internationale sont venus ici et par conséquent le graffiti était très bon niveau teinté d'une forte influence New Yorkaise. C'est à partir de là que le graffiti devint particulièrement populaire et beaucoup de nouveaux graffeurs entrèrent alors en scène...
Le graffiti à Toulouse souligne la précision et la propreté techniques.
En effet, les pièces, souvent grandes et avec beaucoup d'éléments accompagnent et intègrent fréquemment les lettres, dominent même le centre de la ville.
Cette tendance a été lancée par la TRUSKOOL, qui dupent les autorités en employant des faux "permis"... puis le mouvement s'est élevé à un niveau supérieur d'un point de vue technique de façon plus ou moins concurrentielle par l'apparitions d'autres crews.

Le graffiti à Toulouse commence dans les espaces ouverts dans le quartier Arnaud-Bernard. Les bâtiments, les usines, et les chantiers vides sont les espaces préférés des graffeurs...les trains aussi!
Avec le fanzine "TOKEN" la scène locale a sa propre publication qui sortira sous la forme d'un feuillet dès 1988.
Le succès continu du graffiti à Toulouse est non seulement lié au climat du sud ouest, mais également grâce à la bonne entente des différents crews de la scène Toulousaine ( c'est une des raisons qui ont amené les filles sur le devant de la scène ).
Les murs sont principalement réservés aux graffeurs qui les ont peints en premier mais il y a aussi de nombreuses collaborations entre les différents graffeurs et crews.
Même si les conflits et les tensions existent, ils ne sont pas exprimés sur les murs...

Situation légale à Toulouse:

Le graffiti est un acte criminel et fait partie de la catégorie des dommages à la propriété. Trois articles du nouveau Code Pénal définissent les sanctions possibles en ce qui concerne le graffiti, selon, si la mesure a été prise individuellement ou par un groupe, sur la propriété publique ou privée, et si les "dommages" étaient légers ou durables ( L'article 322-1 alinéa 2 du nouveau Code Pénal précise : Le fait de tracer des inscriptions, des signes ou des dessins, sans autorisation préalable, sur les façades, les véhicules, les voies publiques ou le mobilier urbain est puni de 25.000F d'amende lorsqu'il n'en est résulté qu'un dommage léger. Cette peine peut être portée à 50.000 ou 100.000F si les dégradations sont, par exemple, opérées en groupe et/ou au préjudice de monuments historiques ou bâtiments publics ).

La police à Toulouse prend une mesure systématique contre le graffiti : les taggers sont considérés comme des délinquants par le Code pénal et la Mairie de Toulouse a d’ailleurs décidé de porter plainte chaque fois que les édifices publics seront ainsi endommagés et, chaque fois qu’ils ont été identifiés, les auteurs de ces délits ont été tenus de régler l’addition.
Face a ce problème, la Mairie, depuis l’an dernier, a décidé de tripler le budget consacré à la lutte contre les tags. Ces nouveaux moyens permettent déjà d’agir plus efficacement. Des agents assurent désormais une surveillance de nuit afin de repérer et signaler les taggers à la police. De leur côté, police nationale et municipale ont multiplié les patrouilles nocturnes.
Et les résultats sont là : au cours de l’année 2000, on a compté près de trois fois plus d’interpellations qu’en 1999...
Par ailleurs, un arrêté municipal permet désormais à la Mairie de procéder d’office - et gratuitement - à la remise en état des murs et façades souillés par des tags sur les immeubles privés.
Alors qu’auparavant, pour intervenir sur les propriétés privées, la Mairie devait d’abord obtenir l’accord des propriétaires ou gérants, désormais, la Mairie peut maintenant se substituer, à ses frais, aux propriétaires qui ne procèderaient pas d’eux-mêmes au nettoyage.
De même les particuliers peuvent bénéficier gratuitement du nettoyage ; il leur suffit de téléphoner au service de désaffichage, au 05 61 22 24 93, qui après autorisation écrite du propriétaire, nettoie les surfaces par sablage, usage de produits diluants ou décapants, suivant le type de revêtement souillé.

Depuis le lancement de cette politique de nettoyage, des murs entiers ont été nettoyés, même en bord de voie ferrée et dans des lieux considérés avant comme « tolérés ».
Mais cela n’empêche pas la prolifération des chromes sur les toits toulousains, des endroits inaccessibles pour les brigades de nettoyages « anti-graffiti ».
Après l’interdiction annoncée de peindre sur la friche industrielle des Ponts Jumeaux ( qui va être d’ici peu rasée complètement ) la seule zone encore passablement tolérée reste les longs murs longeant le canal près du boulevard de Suisse.
Toulouse est une des capitales françaises du graph comme du tag. Les autorités municipales ont désormais pris conscience de cette différence. « Le graph, on tolère. Qu'on aime ou qu'on aime pas, c'est une expression artistique et le nettoyage est ordonné seulement si le propriétaire du mur le demande, ou si le graph se trouve en zone classée ( presque tout le centre ville... ).Avec le maire, on juge au cas par cas » explique Louis Gaubert, l'adjoint au maire chargé de la propreté. Ainsi, dès 5 heures du matin, plus de vingt agents du service de désaffichage de la Mairie de Toulouse ont pour mission de faire disparaître les dessins et signatures sauvages réalisées à la bombe ou au feutre sur les murs, les façades, les portes d'immeuble et les devantures des magasins.
Devant l'ampleur de ce phénomène qui s'étend désormais à tous les quartiers, une coordination plus étroite est mise en place par la Mairie, la Police et la Justice pour que les auteurs de tags et de graffitis soient plus sévèrement sanctionnés.
L'élu est en revanche intraitable en ce qui concerne les tags: « Ça enlaidit la ville. Notre politique est ici d'intervenir systématiquement. Tolérance zéro. Auparavant, nous ne pouvions nettoyer, avec la brigade spécialisée de 49 personnes que nous avons mise en place, que les inscriptions au-dessous d'un seuil de 3,50 mètres de haut. Désormais nous pouvons aller jusqu'à la toiture, avec l'accord du propriétaire et en protégeant tuiles et façade éventuellement avec des bâches » poursuit Louis Gaubert.
En dix mois d'existence, la brigade de détaguage a nettoyé quelque 172.000 m2!
Les tagueurs s'adaptent malheureusement à tout. Ainsi, ils n'hésitent plus désormais à taguer sur des graphs car ils ont remarqué que la brigade ne les effaçait pas. « Ça nous oblige alors à tout nettoyer, tags et graphs, d'autant qu'il s'agit parfois d'inscriptions à caractère raciste ou injurieux ( les croix gammées hélas fleurissent ) » précise le Monsieur Propre de la Ville rose, qui envisage de lancer une campagne de sensibilisation sur la saleté de la ville. Pour changer les mentalités des Toulousains.

Opinion Publique Toulousaine:

La langue Française distingue les termes "tagueur" et "graffeur" et ceci reflète l'essence de la discussion publique sur le graffiti.
Ainsi les médias et l'administration ont différentes attitudes en ce qui concerne les tags et les graphes; les tags sont écartées, tandis que les graphes sont vus comme potentiellement artistiques.
La plupart des Toulousains semblent apprécier les graffs et beaucoup d'entreprises rentrent en contacts avec les artistes locaux afin de redécorer leurs façades et leurs devantures.
Les graffeurs eux-mêmes voient le tag comme un élément intégral et vivant de leurs activités...
Quant à la presse locale, elle tend à être d'accord avec l'opinion publique ( probablement afin de s'attirer la sympathie du quidam ainsi que le soutien partiel de l'underground Toulousain...ce qui permet aussi aux graffeurs de poser relativement "librement"... )


La professionnalisation de la Streetculture à Toulouse:

Le graffiti, fait partie du phénomène de "streetculture", comportant le breakdance, le sk8, le roller, BMX...
Cette culture devient de plus en plus professionnelle avec l'apparition d'entreprises et de boutiques et parmi ces entreprises certaines régissent la pose légale de graff, la conception graphique, l'habillement...
Les graffeurs peuvent alors utiliser les ateliers de streetcultures pour se faire (re)connaître dans leur activité. Ainsi, des photos de leur travail peuvent être apportées et exhibées à l'E.T Skateshop, Myris...
Les Crews tels que TRUSKOOL organisent également des graffiti-ateliers pour les jeunes en collaboration avec les services de la jeunesse et de tels ateliers deviennent de plus en plus fréquents dans les communes locales en raison du grand intérêt pour le graffiti parmi les jeunes.

Les graffeurs qui font ainsi du graffiti leur profession, sont, aussi long qu'ils restent actifs dans leur travail illégal, respecté de la scène Toulousaine. Le travail légal leur permet d'ailleurs d'intensifier l'aspect public de leur forme d'expression et beaucoup espèrent que de cette façon ils pourront changer l'attitude générale envers le graffiti.

Quelques graffeurs et crews:

Parmi les acteurs principaux de la scène Toulousaine on retrouve 2PON, GODE, SOONE, SNAKE, ARONE, DRAN, SNAKE, SIKE, DER, TILT, CEET, NOE et beaucoup d'autres...

À Toulouse il y a plusieurs artistes féminines, qui sont intégrées dans la scène graffiti et collaborent souvent avec d'autres graffeurs, bien qu'elles travaillent principalement au pinceau.
Ce développement est particulier à Toulouse et a débuté sous l'impulsion de MISS VAN et KAT.
Cette dernière a fondé avec FAFI et PLUME le Les des HANKY PANKY GIRLS et travaillent souvent avec LUS.
A l'exception de PLUME, les filles se concentrent sur la représentation des femmes dans un modèle fortement influencé par les cartoons et avec un coté sexy de pin-up...le résultat confrontation avec les stéréotypes de la féminité dans les médias.

La TRUSKOOL ( TS ) est le Les des graffeurs DER, TILT et CEET. C'est le Les le plus influent de la scène locale et encore très respecté parce qu'ils posent encore illégalement bien qu'ils se sont établis en tant que concepteurs, qu'ils privilégient le graffiti "légal" de graffiti et organisent des projets pour les jeunes.
La TRUSKOOL est en activité aussi bien nationalement et internationalement ( fresque à Paris avec les MAC qui aura pour finalité l'association TRUSKOOL et MAC - la TRUMAC - , rencontre de graffiti au biennal de l'art contemporain à Lyon en 1997, réalisation d'une fresque à New York.... ).
À Toulouse ils travaillent en particulier avec les filles des HANKY PANKY GIRLS ( HPG ), mais également avec des graffeurs tels que NOE et LUS.
Sur le plan international ils sont en activité à New York, où ils sont des membres des BOYS ARE DOWN ( BAD ) et KINGS DESTROY ( KD ).
Ils ont fondé le 2nd Degre et PARA-GRAF et ont leurs propres bureaux dans l'E.T-Skateshop pour qui ils fournissent également la conception graphique.
La TRUSKOOL a aussi des contrats avec Adidas, Ecko et Triiad.

313 est la fusion des numéraux des départements de Toulouse ( 31 ) et celui de Marseille ( 13 ).Parmi les membres de ce crew les résidents de Toulouse sont SOONE, SNAKE et SIKE. SOONE se concentre actuellement sur la marque de vêtement Bullrot, qu'il a fondée avec Moktar en 1995.
SIKE vend des spraycans par le biais de South Painters et fait de la conception graphique.

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